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Traits et caractères de l'individu
Anecdote de l’aulne
Autrefois, l’aulne était considéré comme un arbre maléfique, sans doute à cause de son écorce noire chez les vieux arbres, de son feuillage sombre, ou encore de ses bourgeons et sa sève rouges. Quand on coupe cet arbre, il « saigne » beaucoup et son bois prend une teinte orange-rougeâtre effrayante.
L’aulne a donc inspiré de multiples superstitions et légendes. Car, il colonise les paysages inquiétants de marécages. Les aulnaies étaient des bois obscurs habités par les sorcières, les ogres et autres créatures cauchemardesques. L’aulne se tenait à la lisière de l’Autre Monde et il annonçait une mort prochaine.
Dans la culture germanique, cet arbre est à l’origine de poèmes, de récits, et de musique romantique. Il est associé au Roi des aulnes, une créature maléfique qui entraîne les voyageurs et les enfants vers la mort.
Mais l’aulne n’a pas qu’une réputation terrifiante. Dans l’Antiquité Romaine, il était lié à l’éternité. Pline affirme que « enfoncé dans un sol marécageux, l’Aulne est éternel et supporte n’importe quelle charge ». Pour les Celtes, il symbolisait la solidité et la persistance. Il apportait la ténacité à ceux qui devaient réaliser un long effort ou traverser une épreuve.
Secrets de l’aulne
L’aulne appartient à l’une des rares espèces d’arbres adaptés à l’eau. Il fréquente les zones humides. Il pousse facilement dans des sols gorgés d’eau. Au cours de l’évolution, il a développé des caractères particuliers au contact de cet élément.
Alors que son bois se dégrade rapidement à l’air, il devient hyper résistant dans l’eau. Il possède une très forte concentration en tanins : ce sont des substances qui se dissolvent dans l’eau et qui rendent les parois cellulaires du bois résistantes. Ainsi, le bois d’aulne ne pourrit pas. Au contraire, il devient même dur comme la pierre lorsqu’il est immergé ! Il a longtemps servi à canaliser des cours d’eau, et à fabriquer des portes d’écluses ou des moulins. Sans lui Venise n’existerait pas : elle repose en grande partie sur des millions de pilotis en aulne ! Ni les quais des canaux d’Amsterdam.
Autre adaptation fascinante de l’aulne à l’eau : ses minuscules fruits qui s’échappent de ses « mini pommes de pin » sont munis de deux petites ailes (akènes) en liège. Elles sont comme deux petits flotteurs. Elles sont emportées par le courant des ruisseaux et des rivières. Ainsi, elles permettent aux aulnes de se reproduire sur de longues distances…
Bienfaits de l’aulne à feuilles cordées
L’aulne est avant tout un allié du sol (cf. Secret ci-dessus). Il fixe, décompacte, aère, enrichit et dépollue les sols. De plus, il pompe énormément d’eau. Il peut assécher les sols ou limiter les effets des inondations.
Il est aussi un allié de la biodiversité. Plutôt rare à Bruxelles, il enrichit la palette d’arbres plantée en ville. Il sert d’abri et de garde-manger à toutes sortes d’insectes. Il fleurit très tôt au printemps : il nourrit les premiers pollinisateurs de la saison. Ses petits cônes pleins de graines restent sur ses branches tout l’hiver : ce sont des mini-mangeoires pour les petits oiseaux (passereaux).
Enfin, il a de nombreuses propriétés médicinales et tinctoriales naturelles, un peu oubliées.
L’aulne pousse rapidement et il résiste bien à la pollution de la ville. Mais il n’aime pas les brusques changements de température, et les courants d’air. Hélas, cet allié des sols et de la biodiversité est menacé par un champignon : le Phytophthora. Il est la cause de la « maladie de l’aulne » apparue dans les années 90.
Reconnaitre l’aulne à feuilles cordées
Feuilles
Couleur dessus : vert foncé luisant - Couleur dessous : vert plus pâle - En Forme de cœur (cordiformes) – Bord crénelé
Feuillage
Couleur printemps/été/automne : Vert – Présent au début de l’hiver, puis absent (caduc)
Fruits
Strobile – Petits cônes – Présents sur l’arbre tout l’hiver
Signes particuliers de cet arbre
Cet arbre est un point de mire dans le paysage. Il sculpte joliment la place. Sans lui, elle n’aurait pas du tout la même allure.
Il est aussi remarquable car il fait partie d’une espèce assez rare à Bruxelles. Et surtout, il est l’un des 20 plus grands aulnes à feuilles cordées de la Région. Or ce n’est pas facile pour les aulnes d’arriver à ce stade. Car, ils sont menacés par un champignon : le Phytophthora. Il est la cause de la « maladie de l’aulne » apparue dans les années 90. Celle-ci se transmet surtout le long des cours d’eau.
Si cet arbre a échappé jusqu’à maintenant à la maladie c’est sans doute parce qu’il est isolé. De plus, il a été planté à un endroit qui lui convient bien : en fond de vallée, dans une zone qui est souvent humide, parfois détrempée. Il a un rôle à jouer pour limiter les effets des inondations.
Et puis, il fait tout le charme de l’arrêt de la Stib « Marie-José ». Les gens qui attendent les trams 8 ou le 25 se groupent volontiers sous son feuillage et sur les bancs. Sans doute se sentent-ils mieux sous ce petit dôme végétal que sous un abri de verre et de métal. Sont-ils conscients de sa présence ?
(Textes et photos par Priscille Cazin - Sylvolutions)
Ce portrait est:
- Enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise.
- Une initiative de Christos Doulkeridis, Bourgmestre, d’Audrey Lhoest, Echevine de l’Environnement, des Espaces Verts et des Plantations, du Tourisme, du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles.