Carte d'identité
Traits et caractères de l'individu
Anecdote du cyprès de Leyland
Le cyprès de Leyland est un arbre « Frankestein ». Il est le résultat d’une manipulation humaine hasardeuse. Cette « créature arbre » a complètement échappé à son créateur.
A la fin 19ème siècle, c’est la mode des cyprès dans les parcs des grandes propriétés britanniques. L’Upper class était séduite par ces arbres : leur beau feuillage vert sombre et très dense, ainsi que leur silhouette élancée. Deux variétés se sont imposées dans les haies : le cyprès de Nootka, réputé pour sa robustesse, et le cyprès de Monterey, apprécié pour sa croissance rapide.
Ces deux variétés poussaient naturellement à plus de 1500 km l’une de l’autre. Elles n’auraient pas dû se rencontrer… Mais elles ont été mélangées dans les haies pour délimiter élégamment le parc du banquier Christopher Leyland. Leurs planteurs n’imaginaient pas que le Nootka et le Monterrey se reproduiraient ensemble et donneraient naissance à une nouvelle variété gigantesque : le cupressocyparis Leylandii.
Dans les années 1970, des millions de britanniques ont planté des Leylandii en guise de haies dans leurs jardinets. Ils n’imaginaient pas la place qu’ils occuperaient en quelques années ! Laissés à eux-mêmes, les leylandii poussent d'un mètre par an et peuvent atteindre jusqu’à 35 mètres de haut. Aujourd’hui la population de cyprès de Leyland serait aussi nombreuse que la population du Royaume-Uni. Elle est à l’origine d’innombrables conflits de voisinage.
Secrets du cyprès de Leyland
Au fil de l’évolution, les cyprès se sont adaptés au feu : on dit qu’ils sont pyrophytes. A force d’être régulièrement confrontés aux incendies, ils sont devenus capables de faire front aux flammes. Un de leurs secrets anti-feu consiste à dégazer et à communiquer !
En présence d’une forte concentration de chaleur les cyprès se débarrassent des substances inflammables qu’ils contiennent. Ils laissent échapper dans l’air leurs huiles essentielles (terpènes), alcools et autres substances combustibles sous forme de molécules. Celles-ci s’envolent. Elles sont poussées par le vent sur plusieurs centaines de mètres.
Tous les cyprès en aval de ce vent captent les molécules volatiles. Pour eux, c’est comme un signal d’alerte : ils dégazent à leur tour. Si bien que lorsque le feu arrive à leur pied, il se retrouve face à des grandes colonnes d’eau qui brûlent difficilement.
Bienfaits du cyprès
Le cyprès est rare en ville. Il est parfois planté pour sa beauté. Il a un caractère décoratif. Avec ses origines étrangères, nord-américaines ou méditerranéennes, il diversifie la palette classique des arbres plantés en ville.
Ses petites feuilles (écailles) sont moins productives que des feuilles « classiques ». En revanche elles ne tombent pas en hiver. Le cyprès produit de l’oxygène tout au long de l’année, tant que les températures sont positives. Il capte et stocke de grandes quantités de CO2 dans son bois durable.
Reconnaître le cyprès de Leyland
Feuilles
Petites écailles pointues (1 à 2 mm) - Vert profond (mat) - Ne tombent pas toutes en même temps
Feuillage
Toujours présent sur l’arbre (persistant)
Fruits
Cônes (2 cm) - Forme de sphère – Brun rouge
Ecorce
Brun – Se détache en longues lanières avec l’âge
Signes particuliers de cet arbre
Cet arbre est remarquable à plus d’un titre.
D’abord, il fait partie de la « collection » d’arbres rares qui pousse au parc Tenbosch. Ce parc est un véritable arboretum de poche. Ce lieu, d’une diversité unique à Bruxelles, fait partie du patrimoine vivant d’Ixelles et de la Région : il est en cours de classement.
Pour l’instant, il est le seul cyprès de Leyland inscrit à l’Inventaire des arbres remarquables de la Région. C’est un « individu » très rare. Sa taille est impressionnante. Il a l’air de pousser librement. Contrairement à certains arbres de son espèce qui sont plantés dans des haies, il ne connaît pas la taille deux fois par an. Il n’a pas fini son ascension !
Enfin, il a été planté pour marquer le paysage. Il est pile au milieu du parc. Il pousse en hauteur. C’est l’un des arbres les plus présents : il se démarque nettement dans la végétation hyper dense du parc.
(Textes et photos par Priscille Cazin - Sylvolutions)
Ce portrait est:
- Enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise.
- Une initiative de Christos Doulkeridis, Bourgmestre, d’Audrey Lhoest, Echevine de l’Environnement, des Espaces Verts et des Plantations, du Tourisme, du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles.