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Traits et caractères de l'individu
Anecdote du platane
Si vous vous approchez d’un platane d’Orient, attention au coup de foudre ! Dans la littérature de la Grèce antique, on raconte que Xerxes, le roi de Perse, a rencontré un platane lors d’une expédition de guerre. Il est frappé par sa beauté. Il lui voue une admiration sans bornes. Il le couvre d’or. Il en tombe même fou amoureux. Et, jaloux, il n’arrive pas à s’en séparer. Au point de renoncer à envahir la Grèce…
« Jamais l’ombre d’aucun arbre, ne fut plus chère, ni plus aimable, ni plus douce ! » chante Xerxes au platane. C’est l’un des chants d’amour les plus célèbres de l’opéra : « Ombra mai fu ». Il a été composé à Londres par Haendel en 1738. Qui sait si son compositeur l’a écrit dans l’ombre profonde et dorée d’un platane londonien.
Secrets du platane
Les graines de platane sont cachées dans des boules hérissées qui restent longtemps accrochées dans l’arbre. A la fin de l’été ou à l’automne, elles tombent au sol. On peut alors les ramasser et les défaire. Chaque « pompon » rassemble un très grand nombre de graines. : Elles sont serrées au milieu et sont munies d’une petite touffe de poils roux soyeux (aigrettes).
Ces poils/soies s’ouvrent comme des parachutes qui prennent le vent. Cela permet aux graines de s’envoler et de se disperser sur des kilomètres ! Les arbres ont parfois des systèmes ingénieux pour se déplacer. Le platane en est un bon exemple : il n’est pas si immobile que ça.
C’est étonnant comme les graines de platanes peuvent être minuscules. Elles mesurent à peine un millimètre ! Chaque mini graine contient toute l’architecture de l’arbre en elle, son patrimoine génétique. Grâce à ce plan, toute la structure de l’arbre va pouvoir se construire au fil des années. Un petit miracle valable pour tous les arbres.
Bienfaits du platane
Difficile d’être plus utile que le platane en ville tant ses services sont nombreux et efficaces.
Cet arbre familier très commun est prodigieux dans tous les domaines. C’est un champion pour stocker les gaz polluants, et filtrer les particules fines. Il régule très bien le climat : il rafraîchit et humidifie agréablement l’atmosphère autour de lui. Son ombrage est léger. Tout ça en douceur et dans la plus grande discrétion.
Il est réputé pour sa grande résistance à tous les stress urbains : pollution de l’air, sols tassés et secs, tailles drastiques. Dans les cours d’écoles, sur les places, ou le long des avenues, il est un de nos meilleurs alliés pour rendre nos villes plus vivables.
Pour reconnaître le platane d’Orient
Ecorce
Souvent tricolore : gris-vert, brun-ocre, crème - S’écaille en grandes plaques au bords courbes (desquame) - Motif de camouflage
Feuilles
Grandes (12 à 25 cm) – Forme très échancrée en 5 parties (lobes) disposées comme les doigts de la main (palmatilobée) – Lobes pointus - Bord grossièrement denté - Se détachent de l’arbre (caduques)
Feuillage
Couleur printemps/été : vert tendre - Couleur automne : ocre - Absent en hiver
Fruits
Akènes - Boules hérissées, sorte de pompons de graines duveteuses - Bien visibles sur l’arbre en hiver
Signes particuliers de cet arbre
Cet arbre est l’un des survivants d’un joli bois qui occupait tout l’espace entre la Rue Forestière, la Rue Américaine et la Rue Buchholtz. (cf photos aériennes dans la galerie d’images). Il a d’abord poussé entouré d’arbres, puis d’immeubles de 4 à 6 étages. Il a vu fondre le bois de la fin des années 50 à aujourd’hui. (ou tout début des années 60 ? check urbanisme) Il a été témoin de sa transformation en parc. Un parc de plus en plus fréquenté.
Toutes ces années, ce platane s’est adapté. Il a dirigé ses branches pour trouver le meilleur chemin vers la lumière disponible. Son tronc a d’abord poussé bien droit à la conquête d’un bout de ciel. Puis il a déployé trois grosses branches dans trois directions, sans doute vers un creux lumineux dans la canopée. A certains endroits, les branches ont bifurqué. Elles évitent un arbre voisin pour aller chercher la lumière ailleurs. C’est là qu’on perçoit le mieux que cet arbre est vivant et qu’il s’adapte tout le temps. Il se débrouille pour accéder aux rayons du soleil. Il déploie une architecture étonnante : elle raconte son histoire.
Dans ce parc un peu sombre, il capte la lumière, puis il la tamise et la rediffuse autour de lui. La douceur de son ombrage dégage une sensation de sérénité et de bien-être. Il attire de nombreux visiteurs à son pied. Aujourd’hui, ce platane est victime de son succès. Le sol est appauvri et tassé par la fréquentation du parc. Ses racines manquent de nutriments, d’air et d’eau. L’arbre devient moins résistant aux maladies et aux parasites.
Si vous passez lui rendre visite, évitez de piétiner le sol autour de lui, afin de profiter de sa présence encore longtemps …
(Textes et photos par Priscille Cazin - Sylvolutions)
Ce portrait est:
- Enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise.
- Une initiative de Christos Doulkeridis, Bourgmestre, d’Audrey Lhoest, Echevine de l’Environnement, des Espaces Verts et des Plantations, du Tourisme, du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles.