Adresse :
Bd Botanique Bruxelles
Coordonnées GPS :
50.8546 , 4.3610
Inventaire scientifique :

Carte d'identité

Catégorie :
Arbre remarquable
Nom en latin :
Ulmus minor
Nom en français :
Orme champêtre
Nom en néerlandais :
Gladde iep
Nom en anglais :
Field elm
Famille :
Ulmaceae
Hauteur :
26 m
Hauteur visée :
Cette espèce peut atteindre jusqu’à 45 m
Diamètre de la couronne :
16 m
Circonférence du tronc :
248 cm
Circonférence espérée :
300 cm
Longévité espérée :
Peut vivre entre 400 et 500 ans
Origine / Indigène :
Europe occidentale, centrale et méridionale, Algérie
Sol préféré :
Argileux, frais, fertile
Climat préféré :
Tempéré frais à tempéré chaud

Utilité et services de l'arbre

Embellit le paysage :
+++ tronc droit, haute couronne
Enrichit la biodiversité :
+++ espèce en voie de disparition
Fournit de l'oxygène :
++ feuillage important, caduc
Purifie l'air :
++ idem
Filtre l'eau :
+ espèce peu exigeante en eau
Évite les inondations :
+ pompe et transpire peu d'eau
Stocke le carbone :
++ ...
Adoucit le climat :
+++ espèce plantée pour ombrager les allées et les avenues
Limite l'érosion du sol :
ø
Fait du bien, guérit :
+++ écorce: vertus thérapeutiques, bois
Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise: Zorn, Icones plantarum medicinalium, pl. 426, 1784

Traits et caractères de l'individu

Ces individus font partie des 4 derniers ormes de la Région. Ce sont des survivants aux grands travaux du Boulevard du Botanique et de la Petite Ceinture, et des résistants à la graphiose qui menace cette espèce d’extinction. Ce sont les arbres des indiens d’Amérique.

Un couple de résistants

Deux survivants

Ce couple d’Ormes champêtres fait partie des 4 derniers spécimens de la même essence présents à Bruxelles. On se demande comment ils se tiennent encore debout tout en bas de l’alignement du boulevard Botanique, en plein milieu de 8 voies de circulation.

Ces arbres ont traversé bien des épreuves. Ils ont connu plusieurs réaménagements de ce boulevard. Ainsi, lorsque le tunnel Rogier a été creusé, leurs racines ont été sectionnées. Elles se sont retrouvées plusieurs mois à ciel ouvert, exposées à toutes sortes de pathogènes (maladies).

Ces deux individus sont encore là, alors que toute la population bruxelloise et européenne est décimée par la graphiose. Cette espèce a pourtant eu une longue histoire dans les grandes villes. Elle ornait et ombrageait de longues avenues. C’était une belle essence au tronc droit, avec une couronne qui pouvait s’élever jusqu’à 30 mètres de haut et, surtout, une cime très ample qui dispensait une ombre douce. Hélas, l’espèce a été attaquée par la maladie au début du 20e siècle. Et les grands ormes ont pratiquement disparu dans les années 1980.

La graphiose est due à un champignon propagé par un coléoptère, le scolyte. Il serait arrivé en Europe en 1917, dans les cales d’un bateau rempli d’un chargement de bois venant des USA. Ce petit insecte grignote le bois juste en dessous de l’écorce. Il choisit bien ses victimes : des gros arbres dont le tronc fait plus de 40 cm de tour. La graphiose se charge du reste. Elle empêche d’abord l’arbre de devenir plus grand et puis elle finit par le tuer. Ainsi les gros exemplaires sont devenus rares dans nos régions.

Ces deux ormes champêtres marquent donc l’histoire du boulevard Botanique. L’un des deux est le plus gros de son espèce. Cela fait belle lurette qu’il aurait dû attirer les coléoptères. Pour saluer cette résistance exceptionnelle aux perturbations naturelles et humaines, le couple a été inscrit à l’inventaire des arbres remarquables en 2012 et sur la liste de sauvegarde en 2014. Pourvu que cela les aide à tenir encore 2 ou 3 siècles : les ormes champêtres peuvent vivre jusqu’à 400 ou 500 ans.

L’union fait la force

Comment ces deux forces de la nature parviennent-elles à tenir dans un environnement aussi hostile ? Leurs feuilles sont exposées à des tonnes de particules. Toute leur surface perçoit les vibrations des véhicules qui les frôlent, ainsi que les pressions sonores stridentes des klaxons et des sirènes qui déchirent l’atmosphère. Leurs racines ressentent les ondes infrabasses des poids lourds et du trafic continu au-dessus du béton.

Est-ce parce qu’ils sont en couple que ses 2 arbres tiennent envers et contre tout ? En principe les racines des ormes apprécient plutôt les sols frais, argileux et fertiles, ce qui n’est certainement pas le cas sous le trottoir. On sait aujourd’hui que les arbres peuvent communiquer par leurs racines et être en symbiose avec le mycélium des champignons. Dans le sous-sol forestier les arbres peuvent ainsi s’entraider sur de très longues distances. Ils peuvent échanger les sels minéraux. Mais comment cela se passe-t-il dans un sol aussi pauvre que celui que cachent les trottoirs et les dalles du boulevard Botanique ? Souvent les arbres de voirie sont très fragiles. Mais ces ormes tiennent le coup.

Stratégie de survie

Ces deux arbres semblent d’autant plus statiques que la circulation est agitée autour d’eux. Pourtant, ils ne sont pas aussi figés qu’ils en n’ont l’air.

Des scientifiques ont découvert que les ormes sont capables d’émettre des molécules qui attirent le prédateur de leur ennemi scolyte. Cette défense fait sans doute partie de l’ADN des ormes depuis toujours mais ne s’exprime que chez de rares individus. Nos deux ormes ont-ils utilisés ce potentiel, lentement mais sûrement, tout au long du 20° siècle pour faire face à l’attaque ? La question reste ouverte. Elle est intéressante car elle nous plonge dans une autre dimension temporelle : celle de l’arbre, immobile, voire inerte à nos yeux. Cette question interroge notre tendance à intervenir immédiatement : pour essayer d’enrayer la maladie, nous humains, avons abattu des avenues d’ormes entières. Parmi elles des individus sains qui étaient peut-être aussi porteur de cette capacité de résistance. Nous ferions peut-être bien d’en prendre bonne graine et de laisser le temps à la nature de montrer ce qu’elle peut faire.

A ce propos, l’orme possède une autre stratégie qui lui permet de se reproduire via l’air depuis plus de 100 millions d’années. Son mode de reproduction est particulièrement mobile. Si vous passez par le boulevard au printemps, vous pourrez voir des nuages de graines le traverser. Elles sont dénommées samares. Ces petites graines rondes sont au centre de deux ailes hémisphériques qui forment comme une grande voile. Elles prennent le vent pour se disséminer à des centaines de mètres de là. Malheureusement, il y a peu de chance que ces graines germent naturellement dans le quartier, tant il est bétonné. Si elles atterrissent de l’autre côté de la petite ceinture, sur un gazon du Jardin Botanique, elles risquent de passer à la tondeuse. Pourvu donc qu’elles atteignent un massif boisé.

Cherchez l’erreur

Dans cet alignement, deux ormes se cachent donc parmi les platanes. Comment les reconnaître si vous ne savez pas où ils se situent exactement ?

L’écorce des 2 ormes champêtres du boulevard est tellement foncée qu’il est difficile de passer à côté sans remarquer leur différence. Ce brun-noir (à l’âge adulte) n’est pas dû à l’accumulation de pollution du boulevard. C’est son ton naturel. L’écorce est profondément sillonnée. Elle est si sombre que l’orme est devenu l’arbre gardien de la porte des enfers dans la mythologie grecque. Cela a inspiré aussi un taggueur qui a peint une croix à la peinture rouge sur l’un des deux troncs.

Ensuite, les ormes se reconnaissent surtout à leurs feuilles : de forme globalement ovale, dentées, un peu rugueuses au toucher. Mais surtout, la base du limbe n’est pas à la même hauteur à gauche et à droite de la nervure centrale. C’est ce qui distingue ces arbres de tous ceux qui ont des feuilles ovales : charme, hêtres, noisetiers, etc. Ce petit décalage fait tout son attrait.

Si vous avez la chance de voir des rejets au pied de l’arbre, ou sur des gourmands (jeunes rameaux qui sortent du tronc) à portée de main, vous pourrez observer les bourgeons. Ils sont petits, pointus, à écailles velues. Ils s’alternent sur la tige et ils sont insérés en oblique au-dessus de la cicatrice foliaire. Ils ont aussi l’air un peu décalé ou un peu « schieve », en brusseleer. C’est peut-être pour ça que ces deux individus-là ont l’air plus bruxellois que champêtres 😉.

Ce portrait est enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise. https://www.plantentuinmeise.be/fr/home/

© Bruciel 1953
© Bruciel 1971
© Bruciel 2004
© Bruciel 2015
Photos: © Priscille Cazin (Sylvolutions /32shoot asbl)
© PC-Z
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© Photo : Bruno Campanella – Patrimoine naturel, Région Bruxelles Capitale