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Contributions
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L'arbre de Gaïa
Anecdote du platane
Le platane était un arbre sacré en Grèce, et il était même vénéré sur l’île de Crète. Pour les anciens, cet arbre était un être vivant qui incarnait Gaia, la Terre Mère. Ils voyaient en lui un symbole de ressourcement car il indiquait toujours l’eau, source de toute vie.
Il symbolisait aussi la paix grâce à ses grandes feuilles en forme de main (palmée) tendue vers les humains. Ses milliers de mains ouvertes et accueillantes formaient de grands dômes d’ombre douce. Ce sont ces feuilles larges et plates, platus en grec, qui ont inspiré le nom du platane, platanus.
Il était aussi un symbole de régénération. Car son écorce « muait » comme la peau du serpent, symbole d’énergie et de guérison. Comme lui, le platane a été associé à la médecine. C’est sous son feuillage qu’Hippocrate, le célèbre médecin philosophe aurait prêté serment, et qu’il prodiguait ses soins.
Secrets du platane
Le platane appartient à une famille d’arbres qui existait déjà sur Terre il y a 100 à 145 millions d’années. Il fait partie des arbres vivants qui battent des records de longévité aujourd’hui. Le plus vieux platane connu de la planète se trouve sur l’île de Cos en Grèce. Il aurait plus de 2500 ans. Parmi les différentes variétés de platane, c’est le platane d’Orient qui vit le plus longtemps.
Le platane est un maître du temps. Il porte en lui le temps présent : sa jeunesse. Si on regarde les branches les plus éloignées du tronc, on peut voir à quoi ressemble son écorce de jeune platane. Il porte en lui son passé : sa maturité. En promenant le regard sur ses branches principales, on peut voir son écorce d’adulte. C’est celle qui ressemble le plus à une tenue de camouflage. Si l’arbre est vétéran, il montre même sa vieillesse : on la voit sur son tronc couvert de lichens et de mousses. Et enfin, il fait le lien entre le présent et le futur : il assure continuellement toute une série de bienfaits essentiels à notre (sur)vie.
Bienfaits du platane
Difficile d’être plus utile que le platane en ville tant ses services sont nombreux et efficaces.
Cet arbre familier très commun est prodigieux dans tous les domaines. C’est un champion pour stocker les gaz polluants, et filtrer les particules fines. Il régule très bien le climat : il rafraîchit et humidifie agréablement l’atmosphère autour de lui. Son ombrage est léger. Tout ça en douceur et dans la plus grande discrétion.
Il est réputé pour sa grande résistance à tous les stress urbains : pollution de l’air, sols tassés et secs, tailles drastiques. Dans les cours d’écoles, sur les places, ou le long des avenues, il est un de nos meilleurs alliés pour rendre nos villes plus vivables.
Pour reconnaître le platane d’Orient
Ecorce
Souvent tricolore : gris-vert, brun-ocre, crème - S’écaille en grandes plaques au bords courbes (desquame) - Motif de camouflage
Feuilles
Grandes (12 à 25 cm) – Forme très échancrée en 5 parties (lobes) disposées comme les doigts de la main (palmatilobée) – Lobes pointus - Bord grossièrement denté - Se détachent de l’arbre (caduques)
Feuillage
Couleur printemps/été : vert tendre - Couleur automne : ocre - Absent en hiver
Fruits
Akènes - Boules hérissées, sorte de pompons de graines duveteuses - Bien visibles sur l’arbre en hiver
Signes particuliers de cet arbre
Sa beauté est à couper le souffle !
Difficile de trouver plus belle ramure à Bruxelles. Ce platane pousse depuis toujours isolé au beau milieu d’un grand espace dégagé. Il déploie une impressionnante architecture de branches au-dessus d’un parc. Son tronc trapu, assez court et puissant, porte un immense dôme de 27 mètres de diamètre. Ce platane est plus large que haut (20 mètres) !
C’est un véritable monument vivant. Il rappelle à quel point les arbres sont les plus grands et les plus gros êtres vivants de la planète. Et à quel point ils traversent le temps facilement.
Ce platane a une silhouette d’arbre libre. Ses immenses branches partent à l’horizontale, se coudent et se déposent au sol. Elles commencent à s’enraciner et repartent à la verticale. Ce phénomène est appelé « marcottage ». Un jour les branches verticales deviendront des arbres indépendants. Elles formeront une colonie. Ce dôme géant se transformera en temple.
Voilà un arbre qui invite à ralentir et à prendre un moment de contemplation. Si vous passez devant l’entrée du numéro 12 de l’avenue Derby, faites une pause. Respirez. Plongez votre regard dans la douceur de son ombre, surtout lorsque l’arbre capte les rayons du soleil et qu’il s’illumine de l’intérieur. Et sentez ce qui se passe en vous.
Sa présence est tellement forte qu’il est inutile de s’en approcher. Pour prolonger la vie de ce géant, il faut éviter de piétiner ses racines : elles se trouvent à quelques centimètres sous le gazon. Elles sont fragiles. Restez sur le pas de l’entrée, par respect de l’arbre et par gratitude envers sa propriétaire qui n’a pas caché son parc au regard des passants.
(Textes et photos par Priscille Cazin - Sylvolutions)
Ce portrait est:
- Enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise.
- Une initiative de Christos Doulkeridis, Bourgmestre, d’Audrey Lhoest, Echevine de l’Environnement, des Espaces Verts et des Plantations, du Tourisme, du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles.