Platane à feuille d’érable

Anecdote de platane

Pour passer inaperçu en ville, endossez une tenue à motifs de « camouflage ». Puis, collez-vous à un platane. C’est un arbre très présent dans l’espace public. On le remarque peu, pourtant son écorce est magnifique. Elle est multicolore : verte, brune, ocre, beige. Elle se détache par plaques aux contours courbes. Elle crée de jolis reliefs sur son tronc lisse.

Puis, au pied de votre platane, contemplez le puzzle abstrait que vous avez sous les yeux. Comme si c’était un tableau … Et, laissez l’écorce vous inspirer … Il se pourrait bien que ses motifs stimulent votre imagination ...

Une légende grecque raconte que c’est grâce à l’écorce du platane que Cadmos a inventé et diffusé l’alphabet grec ! Elle était son support d’écriture et de réflexion. Il utilisait des plaquettes pour créer et agencer des signes simples. Un jour, Cadmos dû partir à la recherche d’Europe, sa sœur disparue. Tout au long de son voyage, il laissa des messages à sa sœur en écorce de platane. Il transmit aussi l’alphabet autour de lui. L’histoire ne raconte pas si Cadmos utilisait des fragments d’écorce bruts ou transformés en rouleaux. Mais une chose est sûre : il n’écrivait pas directement sur les arbres.

Secrets de platane

La plupart des arbres gardent leur écorce toute leur vie. Cette couche extérieure les enveloppe un peu comme une « peau ». Son rôle est de protéger l’arbre. C’est un bouclier contre les coups de soleil ainsi que les coups de gel ou de froid. C’est une barrière contre certains champignons ou insectes qui transmettent des maladies. Parfois, c’est une protection contre des plantes envahissantes.

Alors pourquoi certains arbres comme le platane perdent-ils leur écorce ? (On dit qu’ils s’exfolient ou qu’ils se desquament). Les scientifiques étudient cette question. Une de leurs hypothèses est que le platane laisserait tomber des pans d’écorce pour se débarrasser de ses ennemis. Il ne laisserait pas le temps aux champignons ou aux insectes de s’installer. Cet arbre aurait donc trouvé une stratégie de défense : il « change de peau » chaque année.

Juste en dessous de cette « peau », se trouve la partie vivante de l’arbre. Toute blessure de l’écorce, à hauteur du tronc ou des racines, est un risque pour la santé de l’arbre. Peu importe qu’elle soit fine, épaisse, craquelée, sillonnée, crevassée, lise ou rugueuse, dure ou molle … Prenez-soin de l’écorce comme si c’était votre peau.

Bienfaits du platane

Difficile d’être plus utile que le platane en ville tant ses services sont nombreux et efficaces.

Cet arbre familier très commun est prodigieux dans tous les domaines. C’est un champion pour stocker les gaz polluants, et filtrer les particules fines. Il régule très bien le climat : il rafraîchit et humidifie agréablement l’atmosphère autour de lui. Son ombrage est léger. Tout ça en douceur et dans la plus grande discrétion.

Il est réputé pour sa grande résistance à tous les stress urbains : pollution de l’air, sols tassés et secs, tailles drastiques. Dans les cours d’écoles, sur les places, ou le long des avenues, il est un de nos meilleurs alliés pour rendre nos villes plus vivables.

Pour reconnaître le platane d’Orient

Ecorce

Souvent tricolore : gris-vert, brun-ocre, crème - S’écaille en grandes plaques au bords courbes (desquame) - Motif de camouflage

Feuilles

Grandes (12 à 25 cm) – Forme échancrée en 5 parties (lobes) disposées comme les doigts de la main (palmatilobée) –Bord grossièrement denté - Se détachent de l’arbre (caduques)

Feuillage

Couleur printemps/été : vert tendre - Couleur automne : ocre - Absent en hiver

Fruits

Akènes - Boules hérissées, sorte de pompons de graines duveteuses - Bien visibles sur l’arbre en hiver

Signes particuliers de cet arbre

Les platanes font tellement partie du décor de la ville qu’on ne les voit plus. On les considère parfois comme du mobilier urbain. Surtout le long des avenues et sur les places où on les taille parfois en porte-manteaux. Ce n’est pas le cas de cet individu-ci. Sa présence majestueuse et rassurante domine le fond de la plaine Renier Chalon. Il pousse juste au-dessus de la balançoire. Est-ce que les jeunes visiteurs le remarquent ?

Avec l’âge, l’écorce de cet individu est devenue uniforme. Elle n’est plus tricolore. Sa couleur tend vers le brun clair. Ses plaquettes sont moins visibles car elles se détachent très rapidement. Mais il reste quand même quelques motifs de camouflage sur ses grosses racines. Sans doute qu’ils n’échappent pas au regard des enfants qui se cachent derrière son tronc . Avec un papier et un crayon il y aurait de quoi s’amuser à prendre son empreinte …

En été, il fait bon jouer, se balancer et papoter à l’ombre de son feuillage géant. Ce platane apporte une douce (sensation) de fraîcheur. Il produit une légère humidité agréable pour la peau et les poumons. Il joue le rôle d’un gigantesque climatiseur face aux canicules qui frappent de plus en plus fort. Sans lui, et ses frères du terrain de basket, les aires de jeux seraient un vrai four. (îlot de chaleur) Ce platane rappelle alors à quel point il est vivant et essentiel à notre bien-être …

(Textes et photos par Priscille Cazin - Sylvolutions)

Ce portrait est:

- Enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise.

- Une initiative de Christos Doulkeridis, Bourgmestre, d’Audrey Lhoest, Echevine de l’Environnement, des Espaces Verts et des Plantations, du Tourisme, du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles.