Frêne à feuilles étroites

Anecdote du frêne

Le frêne est un arbre légendaire dans plusieurs cultures tant son bois est dur, résistant et souple à la fois. Il supporte tous les chocs sans se fendre.

Dans la mythologie grecque, il est le bois du javelot d’Achille et de l’arc d’Eros. Il est l’arbre que Zeus a choisi pour créer ses « hommes de bronze », des guerriers impitoyables dressés pour la guerre. Il est associé à Poséidon, le dieu des séismes qui fracasse la Terre. Il est aussi lié à Nemesis, la déesse de la vengeance.

Avant notre ère, dans les cultures scandinave et germanique, la réputation du frêne est moins terrible, mais tout aussi puissante. Yggdrasil est l’arbre cosmique, pilier entre les mondes du Ciel et de la Terre. Il est un symbole d’immortalité. Il résiste au serpent de l’Univers qui mord une de ses racines.

Le frêne a inspiré toutes sortes de superstitions. Par le passé, il avait la réputation d’éloigner non seulement les serpents mais aussi les mauvais esprits … En revanche, il n’effrayait pas les sorcières. Au contraire : leur manche à balais était fabriqué en bois de frêne. Elles connaissaient ses qualités extraordinaires.

Secrets du frêne

Les frênes sont des arbres pionniers. Ils se multiplient très facilement, et super vite. Ils colonisent surtout le bord des cours d’eau, mais pas seulement.

Ils produisent une très grande quantité de graines ailées. Elles sont capables de se disperser à des kilomètres : elles se laissent porter tantôt par les courants des rivières, tantôt par le vent.

Dans le sol, les racines des frênes laissent peu de place aux racines des autres espèces. Résultat : peu de végétation poussent autour d’eux. Dans les campagnes, ils ont donc la réputation d’être envahissants. Surtout les frênes à feuilles étroites ! Car ils n’appartiennent pas à une espèce de chez nous (indigène). Et comme ils ont peu d’ennemis, on les considère comme invasifs. En ville, il y a peu de risque que cette espèce exotique envahisse nos sols goudronnés.

Bienfaits du frêne

Le rôle principal du frêne à feuilles étroites est d’embellir le paysage. Son feuillage est doux pour les yeux. Cette espèce peu courante apporte une touche de biodiversité dans la palette d’arbres plantée en ville.

Son feuillage ample produit de l’oxygène. Il purifie l’air au cœur d’une zone très urbanisée. C’est aussi une bonne pompe à eau qui assèche la berge et peut limiter les inondations. Ses racines fixent le sol et limitent l’érosion de la berge.

Les feuilles du frêne préparées en tisane soignent les rhumatismes. Au 19ème siècle on utilisait l’écorce pour préparer des remèdes. On fabriquait des boissons artisanales (frênée) appréciées pour leurs qualités médicinales (élimination des toxines). Des vertus reconnues aujourd’hui.

Pour reconnaître le frêne

Feuilles

Longues (15-25 cm) - Composée de 2 à 7 paires de mini feuilles (folioles) - Se détachent de l’arbre (caduques)

Folioles

Forme de lance - Etroites - Bord peu denté

Feuillage

Couleur printemps/été : vert brillant - Couleur automne : jaune vif - Absent en hiver

Fruits

Samares - Grappes de graines ailées - Parfois visibles dans l’arbre en hiver

Signes particuliers de ce frêne

D’habitude les frênes à feuilles étroites ne sont pas très grands. Et ils préfèrent prendre leur bain de soleil sur les rives des cours d’eau du bassin méditerranéen.

Ce frêne-ci s’est bien acclimaté à Bruxelles : il a visiblement trouvé là un sol humide, la lumière abondante et le microclimat dont il a besoin pour s’épanouir. Il paresse au bord des étangs d’Ixelles. Sa silhouette et sa taille attirent l’attention surtout en automne quand son feuillage vire au jaune vif.

Du haut de ses 29 mètres, il rivalise de hauteur avec les bâtiments voisins. Il a déployé une couronne très dense. Ses rameaux retombent joliment en cascade presque jusqu’à l’eau.

Cette espèce est assez rare en Belgique. Si vous passez par-là, les branches « pleureuses » vous permettront d’observer de près les grappes de samares aplaties. Ces graines sont munies d’une grande aile allongée. A la campagne on les appelle « langues d’oiseau ».

(Textes et photos par Priscille Cazin - Sylvolutions)

Ce portrait est:

- Enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise.

- Une initiative de Christos Doulkeridis, Bourgmestre, d’Audrey Lhoest, Echevine de l’Environnement, des Espaces Verts et des Plantations, du Tourisme, du Collège des Bourgmestre et Echevins d’Ixelles.