Carte d'identité
Utilité et services de l'arbre
Arbres liés - jumelage
Belgique
Union Européenne
Traits et caractères de l'individu
Cet individu est le gardien d’une des portes de la Forêt de Soignes. Il a longtemps vu passer les chevaux, puis les balles de golf, VTTistes, chiens, groupes de coureurs, parfois un chevreuil ou un renard. Sa cime très haut perchée, donne sur l’hippodrome et la ville d’un côté et sur la canopée de la forêt de l’autre. Ce merisier est bien placé pour percevoir la pression urbaine et humaine sur la nature. Il présente trois troncs, qui peuvent provenir de semis très proches, ou de rejets qui se seraient formés sur la souche d’un arbre encore plus ancien.
JUMELAGE - Ce merisier est jumelé à un arbre coup de coeur de l'association des arbres remarquables de France (A.R.B.R.E.S): un étrange merisier qui pousse en couple avec un if. Ce couple est près de l'église Sainte-Léonore dans le Bourg de Saint Launeuc, dans les Côtes d'Amor en France. Au printemps, on peut découvrir, au milieu du feuillage du vieil if un merisier en fleurs. L'if aurait été planté au XIIIe s (époque de la construction de l'église saint-Léonore à côté de l'arbre). Le merisier est installé dans une des fourches de l’if à 2,5 m de hauteur. If de 6,5m de circonférence. Plus d'infos dans la section "Jumelages" et dans la Galerie photo ci dessous. Ces arbres ont reçu le label « Arbre Remarquable de France » en 2001.
Contributions
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Le Gardien d’une porte de la forêt de Soignes
Ce merisier, ou cerisier sauvage, pousse juste à côté de l’une des sept portes de la forêt de Soignes : une place emblématique et stratégique à la lisière de la forêt, en bordure de l’hippodrome de Boitsfort.
Tel un phare
Cet individu fait signe de loin. Il est le premier à annoncer le réveil de la Terre avant l’arrivée du printemps. Ses bourgeons, aux écailles brun-rouge, se groupent sur les côtés et au bout des jeunes rameaux. Ils forment une sorte de halo rougeâtre autour de la couronne. Puis, le merisier se pare de blanc alors que tous les arbres autour de lui bourgeonnent à peine. Il illumine la canopée. Si l’on pouvait grimper dans ses branches les plus hautes, tel le baron perché d’Italo Calvino, ou Lucy notre ancêtre australopithèque, nous profiterions mieux de ce spectacle : une multitude de petits bouquets de fleurs blanches éclatantes, un ballet d’insectes pollinisateurs et un concert de gazouillis. A l’automne nous pourrions assister au bref éclat jaune puis rouge de son feuillage. En toutes saisons, nous pourrions admirer l’Atomium au Nord de la ville, et plonger le regard dans le massif forestier qui s’étend au Sud et à l’Est. Nous pourrions aussi imaginer les événements dont le merisier a été témoin au cours des 100 dernières années. Des anodins : comme les courses de chevaux et les paris dans les gradins de l’hippodrome. Ou des historiques : la protection de la richesse de la biodiversité de la forêt de Soignes par Natura 2000 en 2016, ou son classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 2017. De plus, à 30 mètres du sol, nous pourrions guetter toute la vie qui se déroule autour de l’arbre : le swing des golfeurs du golf voisin et la trajectoire de leurs balles, le passage de milliers de randonneurs, coureurs, cavaliers, vttistes, cyclistes, le rassemblement quotidien des dogs sitters, etc. une population croissante qui réclame un accès libre et de plein droit à la forêt. Enfin, postés au sommet de son houpier, nous assisterions à un fait rare dans notre pays : la gestion de la forêt, dans la bonne entente, par trois communes, deux provinces et trois Régions. Elles sont liées par un défi commun : sauvegarder ce patrimoine naturel, historique et social, le poumon vert de la capitale.
Solidement ancré
Les merisiers appartiennent à une espèce très volontaire. Ils sont capables de se reproduire par les racines (drageonner). Et, comme nôtre individu, ils ont aussi la faculté de produire des rejets lorsqu’on les coupe.
Autrefois, cet arbre avait un tronc unique. Il a probablement été ratiboisé à la base il y a environ 70 ans. Aujourd’hui sa souche aurait 120 ans, peut-être même 140 ans. Or, en général, les merisiers vivent rarement au-delà d’un siècle. Trois troncs ont repoussé avec vigueur à partir de sa souche. Ils ont plus de deux mètres de tour chacun.
Cette cépéebénéficie du système racinaire particulièrement vigoureux de l’arbre d’origine. Les racines se sont visiblement adaptées à plusieurs remaniements du sol. Elles contournent ou poussent les obstacles comme les dalles en béton des anciens murs de l’hippodrome. Elles épousent le sol accidenté. Dans le haut du talus, elles s’ancrent profondément dans la terre à l’horizontale. Tandis que dans le bas du talus, de puissants contreforts poussent à la verticale pour soutenir solidement ces trois troncs.
D’étranges cavités se sont formées entre ces contreforts. Elles reflètent l’architecture aérienne de l’arbre : l’espace vide qui sépare les 3 troncs. Ainsi le collet est probablement creux. Il constitue une caisse de résonance dans l’arbre. Il amplifie les sons de la forêt et les vibrations du sol. Il est aussi une des portes du wood wide web : ce réseau de communication qui relie les arbres entre eux via leurs racines et le mycélium (champignons filamenteux) dans le sous-sol forestier.
Qui sait si le merisier prévient la communauté des arbres de l’approche des visiteurs. Et s’il donne l’alerte au moindre danger.
Veille sur la forêt
Une atmosphère mystérieuse se dégage de cette cépée de merisier. Elle inspire un tas d’histoires.
Ce spécimen à trois troncs semble monter la garde, tel cerbère, le chien à trois têtes de la mythologie grecque, à la porte des enfers. Certains passants n’osent pas trop l’approcher. Son système racinaire et ses cavités obscures les angoisse. Les racines enchevêtrées, recouvertes de mousses, presque vert fluorescent, leur semblent étrangement vivantes, prêtes à se métamorphoser.
Une femme qui fréquente cet endroit raconte que les jeunes hêtres entourant cette cépée accueillent ceux qui prennent soin de la forêt. Ils abaissent doucement leurs branches au-dessus de leurs têtes. Et ils déploient un tapis de feuillage sous leurs yeux. Comme dans les textes anciens de Pline ou d’Ovide, où les arbres prodiguent des caresses à ceux qui les aiment.
Un des troncs de la cépée est marqué d’un triangle bleu roi. Ce n’est pas le signe d’étranges rites forestiers mais une marque de distinction. L’Association Protectrice des Arbres de la Forêt de Soignes attire ainsi l’attention du public sur les arbres les plus frappants de la forêt. Sans doute ont-ils choisi le merisier pour son architecture et sa beauté.
En effet, son écorce, caractéristique des prunus, est magnifique : lisse, un peu cuivrée, gris-rouge, et veinée horizontalement. A plusieurs endroits elle se détache du tronc en lanières, elle se recroqueville sur elle-même et s’enroule un peu comme un vieux parchemin. Côté forêt, elle a la particularité d’être entièrement recouverte de mousses. Côté hippodrome, elle est ornée de lichens vert céladon et d’algues orange vif. Ces couleurs et textures organiques semblent dialoguer avec les tags du mur voisin.
Difficile de passer à côté de cette cépée sans la remarquer. Si bien qu’elle a été inscrite à l'inventaire scientifique des arbres remarquables depuis le 1er janvier 2014 tant sa présence est forte, tant son architecture unique sculpte le paysage. Et tant elle grouille de vie.
Accueille une foule de créatures
Outre les mousses, les lichens et les algues, ce merisier abrite et nourrit une foule d’être vivants.
En échange de son hospitalité, ils l’aident à se reproduire. Un grand nombre d’insectes pollinisent ses fleurs très mellifères et une belle diversité d’oiseaux sème les noyaux des merises à la ronde.
En juillet, on aperçoit ces merises et noyaux çà et là sur le sol. Si on lève le nez et que l’on regarde 25 mètres plus haut, on réalise où se trouve le garde-manger. Avec des jumelles on peut observer toute une population d’oiseaux : moineaux et autres passereaux, merles, et avec un peu de chance des étourneaux sansonnet ou encore un gros-bec casse-noyaux. Le merisier porte bien son nom botanique/scientifique : « prunus avium » ou cerisier des oiseaux, en langage courant.
En attendant patiemment au pied du merisier, on peut aussi rencontrer de nombreux mammifères : renard, hérisson, écureuil roux et autres rongeurs. L’un d’entre eux loge sans doute dans le collet creux.
Ainsi, ce merisier est sans doute l’arbre de Wood Wide Web qui accueille le plus de vie. Sans compter celle qui grouille, invisible à nos yeux.
(Textes et photos par Priscille Cazin https://www.sylvolutions.eu)
Ce portrait est enrichi d’une illustration issue de la Collection de l'Etat fédéral belge en prêt permanent au Jardin botanique de Meise. https://www.plantentuinmeise.be/fr/home/