Carte d'identité
Utilité et services de l'arbre
Traits et caractères de l'individu
Dans le cadre de l’opéra participatif Orfeo et Majnun, la Monnaie a choisi ce couple de figuiers. Ils poussent de part et d’autre de la Place de la Monnaie séparés dans un environnement totalement minéral. Ils symbolisent la célèbre histoire d’amour moyen-orientale Leïla et Majnun, imaginée par le poète persan Nizami en 1188.
Leyla et Majnun s’aiment passionnément. Mais ils sont séparés par le père de Layla, puis par la mort de Layla. Majnun, fou d’amour, se réfugie dans les montagnes où il compose des chansons et des poèmes empreints d’amour, désir et désespoir. Peut-être à l’ombre d’un figuier ?
L’auteur de l’histoire ne le précise pas. Il décrit juste un arbre de vie : son espèce est mystérieuse : est-ce cyprès, l’olivier, d’un dattier ou encore le figuier ? Ces différents arbres revêtent tous un caractère sacré dans différentes régions du Monde arabe.
Mais celui qui correspond sans doute le mieux à Majnun est le figuier. D'abord, cet arbre est un symbole de volonté et de générosité. En Afrique du nord, le figuier est un arbre essentiel dans la vie des montagnards. On le trouve dans les contrées les plus reculées/isolées et arides. Il est capable de s’accrocher à la roche, d’explorer la moindre fissure pour capter l’eau dont il a besoin. Ainsi il parvient à pousser dans des sols arides et à donner des fruits riches en sucres et parfumés. Tel le figuier, Majnun s’accroche à la vie (tant que Layla est vivante). Il trouve dans les montagnes désertiques la force et l’inspiration pour donner des poèmes de toute beauté.
Ensuite, le figuier est un symbole d'Amour difficile. Car ses fleurs mâles et ses fleurs femelles ne fleurissent pas au même moment. Alain Baraton (1), Jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand parc de Versailles écrit: " De longues semaines séparent la floraison des fleurs mâles et celle des femelles. Comment faire pour réunir ces Romeo et Juliette de l'espèce végétale? Un insecte, le blastophaga, sorte de petite guêpe d'une grosseur de 2mm, vient à la rescousse des amants séparés". Dans le cas de Majnun et Leyla, le vent joue un bref rôle d'entremetteur. Il porte les poèmes de Layla jusqu'aux oreilles de Majnun. Mais cela ne suffira pas à combler leur séparation. Seule la mort pourra les rassembler.
(1) Alain Baraton, Je plante donc je suis, p279-280, aux Editions Livre de poche